Les deux distributeurs français ont annoncé le rapprochement de leurs centrales d’achats pour les produits de grandes marques afin de mieux négocier les prix.

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L’alliance entre Casino et Intermarché pour des achats en commun passera « probablement » par la création d’une centrale d’achat commune, et devrait permettre de dégager au moins 100 millions d’euros de gains pour les deux groupes, a annoncé vendredi 10 octobre le patron des achats d’Intermarché.

« Nous allons monter probablement une structure d’achat commune en terrain neutre et à fonctionnement paritaire », a déclaré Thierry Cotillard dans une interview au magazine LSA.

Les deux distributeurs avaient annoncé ce partenariat aux achats mercredi 8 octobre au soir, mais sans en préciser les modalités pratiques. Thierry Cotillard avait toutefois assez clairement exclu que cela puisse se traduire par un mandat d’achat confié à l’un des deux groupes, à l’image de ce qu’ont choisi Auchan et Système U.

Vendredi 10 octobre, le responsable de l’offre alimentaire Intermarché a précisé qu’il n’y aurait « aucune prise de participations croisées dans notre accord et nous avons privilégié des schémas juridiques très simples » qui « permettront si nécessaire de dénouer les liens sans dommages pour les deux parties ».

« Après, c’est l’efficacité de l’accord et les gains qu’ils généreront qui nous motiveront vraiment à rester ensemble », a-t-il ajouté.

Course aux prix bas

Sur ce dernier point, « nous ne fixons aucune limite, nous avons simplement l’ambition d’avoir de meilleures conditions (à l’achat auprès des fournisseurs, ndlr) que Carrefour, Leclerc ou Système A (nom communément donné à l’alliance aux achats entre Auchan et U, ndlr), a-t-il expliqué.

Mais selon lui, « chaque point gagné nous rapportera 100 millions sur un peu plus de 10 milliards de volume d’affaires ».

Une fois réunis, Casino et Système U représenteront un peu moins de 26% des parts de marché de la distribution française, devant Système A (un peu moins de 22%), Carrefour et Leclerc (tous deux aux alentours des 20%).

Vendredi 10 octobre au matin, l’association des industries alimentaires (Ania) s’est inquiétée de ces mouvements de rapprochements dans la distribution à l’amorce des négociations commerciales, craignant que cela ne « renforce la course aux prix les plus bas » et n’accélère la déflation tant redoutée dans l’alimentaire.

Thierry Cotillard a rappelé que l’accord avec Casino ne porterait que sur les grandes marques et les fournisseurs internationaux. « Il devrait donc concerner une soixantaine de +dossiers+ dont une petite dizaine de marques non alimentaires, comme Samsung ou Seb par exemple ».

« C’est moins que les 80 à 100 dossiers annoncés par Auchan et Système U car nous avons choisi d’écarter de l’accord certains industriels français, comme Fleury Michon, Andros ou Pasquier, pour éviter de les fragiliser », a-t-il précisé.

Challenges – 09/10/14